Le bilan démographique de l'Insee publié ce 18 décembre 2025 livre un verdict sans appel pour la capitale bretonne. Avec une population établie à 230 890 habitants au 1er janvier 2023, Rennes ne se contente plus de figurer dans le top 15 des villes françaises. Elle s'affirme comme l'une des rares grandes cités à maintenir un rythme de croissance soutenu, là où d'autres métropoles historiques commencent à s'essouffler. Cette vitalité place désormais Rennes dans le peloton de tête national de la croissance démographique et bouscule la hiérarchie établie dans l'Ouest.
Pendant des années, Nantes et Bordeaux ont été citées comme les modèles absolus d'attractivité en France. Pourtant, les chiffres récents montrent un basculement historique. Avec un taux de croissance annuel moyen de +1,05 %, Rennes a officiellement « coiffé au poteau » ses deux grandes voisines. Nantes, qui affichait une santé insolente lors de la décennie précédente, a vu son rythme ralentir pour s'établir à +0,97 %. Plus frappant encore, Bordeaux, dont l'attractivité semblait inépuisable, progresse désormais à un rythme de +0,87 %. Si ces deux métropoles restent des poids lourds en volume, Rennes est désormais celle qui possède l'accélération la plus forte de tout l'arc atlantique.
Le véritable match ne se joue pas seulement sur le nombre total d'habitants, mais sur la vitesse d'évolution. Ce dynamisme permet à la ville de se classer au 5ème rang national des communes de plus de 100 000 habitants ayant la plus forte progression. Aujourd'hui, Rennes talonne Lille pour la 10ème place du classement national. Lille compte environ 238 246 habitants contre 230 890 pour la capitale bretonne. Cependant, Lille ne progresse qu'à un rythme de +0,39 % par an. Si ces trajectoires se maintiennent, Rennes pourrait officiellement dépasser Lille d'ici 5 à 6 ans pour intégrer le cercle prestigieux des dix plus grandes villes de France.
Si le match est serré avec le Nord, il est définitivement plié face à d'autres anciennes rivales. On peut aujourd'hui affirmer que Rennes a largement distancé Grenoble. Alors que les deux cités boxaient autrefois dans la même catégorie, l'écart est désormais de près de 75 000 habitants. Les trajectoires sont diamétralement opposées : quand Rennes gagne plus de 1 % de population chaque année, Grenoble subit une érosion avec un taux de -0,24 %. Ce décrochage s'explique par une attractivité démographique à la peine dans la métropole des Alpes, là où Rennes continue de séduire massivement les nouveaux arrivants avec un solde migratoire positif de +0,55 %.
L'analyse détaillée des chiffres révèle une spécificité rennaise : un équilibre remarquable entre son solde naturel et son solde migratoire. Sa croissance se divise presque équitablement entre l'excédent des naissances sur les décès (+0,50 %) et l'arrivée de nouveaux résidents. Ce profil contraste radicalement avec celui de Paris, qui traverse une crise démographique profonde. La capitale perd en moyenne 0,65 % de sa population chaque année, plombée par un départ massif d'habitants vers la province. Dans ce panorama, Rennes confirme son statut de valeur refuge et de pôle d'attraction majeur dans la moitié nord de la France.
Cette accélération, passée de +0,65 % à +1,05 % par an par rapport à la période précédente, n'est pas sans conséquences. Si ces chiffres témoignent du rayonnement de la ville, ils imposent également une pression constante sur le marché de l'immobilier. Le caractère « urbain dense » de la commune oblige la municipalité à repenser la ville pour accueillir ces nouveaux arrivants sans sacrifier la qualité de vie. Le défi des prochaines années sera de transformer cet essai démographique en un modèle de développement durable capable d'absorber ce flux sans dénaturer l'identité rennaise.