Cleunay, quartier populaire de l'ouest rennais, s'apprête à se transformer avec de nouveaux logements, des résidences pour jeunes et seniors et des équipements urbains. Ce renouveau s'inscrit dans une histoire sociale forte, qui remonte aux années 1950 lorsque la cité a été construite pour accueillir des familles en grande précarité. Aujourd'hui, le quartier reste confronté à des enjeux sociaux importants.
Comme le souligne Marc Hervé, 1er adjoint à l'urbanisme à la Ville de Rennes, lors du conseil municipal du 1er décembre 2025, « ce quartier est aujourd'hui marqué d'une forme de spécialisation sociale avec 79% de familles monoparentales ou personnes isolées et 39% de ménages avec un profil de grande précarité auxquels il nous faut répondre pour rééquilibrer cette sociologie ».
Cleunay n'est plus seulement un quartier périphérique. Avec l'arrivée du métro, la présence d'équipements structurants comme la clinique La Sagesse et un grand centre commercial et le lancement de vastes projets immobiliers, il devient un secteur clé de Rennes. Le programme de renouvellement urbain prévoit la construction de nouveaux logements, la réhabilitation d'immeubles existants et la surélévation de certains bâtiments pour répondre à la demande croissante de logements accessibles à des revenus modestes et moyens.
Selon Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole, ces nouvelles habitations doivent « permettre de répondre à une demande croissante tout en apportant du confort aux locataires et en réduisant l'impact sur l'environnement ».
Le projet vise également à renforcer la mixité sociale et à favoriser l'accession à la propriété via le Bail Réel Solidaire et les coopératives d'habitation, tout en densifiant le quartier de manière harmonieuse.

L'ancien bâtiment Antipode, rebaptisé Bâtiment A Modeler, sera démoli courant 2026. Sur ce terrain, deux nouveaux ensembles verront le jour : un premier de 28 logements financés en PLUS et PLAI, avec des locaux tertiaires et un sous-sol de 74 places de stationnement, et un second de 19 logements en Bail Réel Solidaire et accession coopérative, comprenant une salle associative municipale d'environ 200 m2. Cette opération illustre la volonté de combiner habitat social, activités associatives et services pour la population.
Rue Ferdinand-de-Lesseps, un ancien ensemble de 34 logements sera remplacé par une résidence de 80 logements locatifs sociaux dédiée aux jeunes, accompagnée de locaux tertiaires en rez-de-chaussée. Ce projet vise à attirer étudiants et jeunes actifs tout en contribuant à l'animation urbaine du quartier.

Une autre zone stratégique se situe à l'angle des rues André-Trasbot et Jules-Lallemand, où plusieurs projets cohabitent. Un bâtiment de 28 logements en Bail Réel Solidaire comprendra également des cellules tertiaires. Un immeuble existant sera restructuré et surélevé pour accueillir 56 logements supplémentaires financés en PLUS, PLAI et PLS. Le programme inclut aussi 45 logements pour seniors et 63 logements supplémentaires en BRS et accession coopérative, accompagnés de locaux tertiaires. L'ensemble illustre la volonté de densifier le quartier tout en préservant sa diversité sociale.
Cleunay ne se limite pas au logement. Les projets incluent la création de commerces et de services de proximité, renforçant le rôle du quartier comme pôle urbain mixte et vivant. La proximité immédiate du métro facilite les déplacements et renforce l'attractivité de la zone. La rénovation vise à créer un environnement intergénérationnel où jeunes, familles et seniors cohabitent harmonieusement, tout en consolidant la mixité sociale et la qualité de vie.
Malgré ces évolutions positives, le quartier reste confronté à des difficultés sociales, économiques et sécuritaires. Personne ne peut nier le narcotrafic qui gangrène les abords de la station de métro et affecte le quotidien des habitants. Pour la municipalité, Cleunay constitue toutefois une sorte de laboratoire urbain : en combinant rénovation énergétique, logements accessibles et services de proximité, la Ville et la Métropole entendent démontrer qu'un développement urbain inclusif et durable est possible. D'ici 2035, le quartier sera plus dense, connecté et diversifié, mêlant mémoire populaire, nouveaux usages urbains et enjeux sociaux complexes, tout en restant fidèle à sa vocation sociale historique.