Ce lundi 8 septembre 2025, François Bayrou engage la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale. Concrètement, après avoir prononcé son discours de politique générale en début d'après-midi, il demandera aux députés de se prononcer par un vote de confiance. Ce mécanisme, inscrit dans la Constitution, permet de vérifier si le Premier ministre bénéficie encore d'une majorité pour gouverner. Si la confiance lui est refusée, le gouvernement peut être contraint de démissionner, et une dissolution de l'Assemblée n'est pas exclue.
À Rennes, la journée politique se prolongera en soirée. À 19 heures, place de la Mairie, un rassemblement intitulé « Pau de Départ » - jeu de mots en référence à la ville d’origine de François Bayrou - est organisé par ses opposants. Cette initiative symbolique entend marquer, dans la rue, l'opposition au Premier ministre, en écho au vote parlementaire.
Dans ce contexte national tendu, l'attention se porte aussi sur les élus du territoire. Les quatre députés brétiliens avec chacun des quartiers rennais dans leur circonscription, tous issus de formations de gauche, ont déjà affiché leur opposition au gouvernement Bayrou ainsi qu'au Président de la République. Leurs prises de position récentes permettent de comprendre les arguments qui guideront leurs votes cet après-midi.
Claudia Rouaux a toujours affiché clairement sa position. Dans un article publié sur son site, elle écrit sans détour : « Le 8 septembre, je n'accorderai pas ma confiance au Gouvernement Bayrou ». Elle justifie ce choix par une critique frontale du budget 2026, qu'elle juge « brutal et austéritaire » et « massivement rejeté par les Français ». Pour elle, recourir au vote de confiance dans ce contexte relève d’un passage en force inutile. Elle reproche au Premier ministre de ne pas avoir engagé de véritables discussions avec les forces parlementaires, ce qui aurait pu, selon elle, conduire à des compromis plus équilibrés. Sa décision s'inscrit donc dans une opposition claire et assumée au projet porté par Bayrou.
Sur son blog, Tristan Lahais a publié un billet titré « François Bayrou ferme la porte à toute discussion sur le budget ». Ce texte, daté de fin août, met en lumière sa critique du manque d’ouverture du gouvernement. Il y regrette que les propositions de son groupe et d'autres formations de gauche n'aient pas été prises en compte, et décrit un processus budgétaire mené sans volonté de compromis. Si l'article ne mentionne pas directement le vote de confiance, le ton employé et son appartenance à Génération·s ne laissent pas de doute : Tristan Lahais votera contre. Il entend ainsi dénoncer à la fois une méthode jugée autoritaire et un contenu budgétaire qu'il estime défavorable aux classes populaires.
Mickaël Bouloux a confirmé dans un communiqué destiné à ses électeurs et relayé sur son compte Facebook le 29 août qu'il voterait contre la confiance au gouvernement de François Bayrou, conformément à la position de son groupe, le Parti socialiste. Dans ce texte, il déclare notamment : « Le 8 septembre, je voterai donc contre la confiance à François Bayrou ». Selon lui, le gouvernement recourt « à une brutalisation inédite de nos institutions pour imposer un programme rétrograde ». Il estime que « le Président de la République a choisi de mépriser le verdict des urnes et d'ignorer la victoire du Nouveau Front Populaire ».
Marie Mesmeur, actuellement engagée dans une flottille vers Gaza, s'inscrit dans la ligne de son groupe La France insoumise et s’oppose au gouvernement. En séance publique, un député ne peut ni voter à distance ni par anticipation, et son suppléant ne peut pas le remplacer. Son absence sera donc comptabilisée comme non-participation, conformément aux règles de l'Assemblée, mais reflète la position collective de son groupe.
Au-delà de l'Assemblée, la contestation se prolongera dans la rue. Le rassemblement « Pau de Départ » ce soir place de la Mairie illustre déjà le climat de mobilisation. Cette dynamique se poursuivra mercredi 10 septembre avec des manifestations et blocages dont on ignore l'ampleur, auxquels Rennes ne sera pas épargnée.