Alors que la France a perdu plus de 100 000 emplois salariés privés en un an, la zone d’emploi de Rennes parvient à stabiliser ses effectifs. Une résistance qui la distingue au niveau national, même si la dynamique de croissance marque un sérieux coup d’arrêt. C’est ce que révèle le dernier bulletin VigiÉco n°25 publié par l’Agence d’urbanisme de Rennes (Audiar) ces derniers jours.
Entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025, la zone d’emploi de Rennes enregistre une quasi-stabilité : –70 emplois salariés privés, soit 0 %. C’est bien mieux que la moyenne nationale (–0,5 %) ou que la Bretagne dans son ensemble (–0,3 %). Mais ce résultat, en trompe-l’œil, traduit aussi un ralentissement économique réel. Après plusieurs années de progression régulière, l’emploi ne progresse plus. La construction recule, l’automobile continue de s’éroder, et même les services, longtemps moteur de la croissance locale, montrent des signes d’essoufflement. Rennes résiste donc, mais sans échapper totalement au climat morose.
À l’échelle départementale, l’Ille-et-Vilaine illustre également cette stabilité. Sur un an, le département se classe au 11ème rang des départements métropolitains en termes d’évolution de l’emploi salarié privé. L’Ille-et-Vilaine parvient à maintenir un niveau d’emploi quasiment stable, avec seulement +30 emplois privés en un an, soit +0,01 % alors que la quasi-totalité des départements enregistrent des pertes d'emplois salariées conséquentes.
La comparaison avec les autres grandes métropoles met en lumière cette résistance. Quelques villes réussissent à tirer leur épingle du jeu, comme Marseille (+0,5 %), Clermont-Ferrand (+0,4 %) et Strasbourg (+0,2 %). Mais la majorité accuse des pertes, parfois lourdes. Nantes (–0,5 %) et surtout Bordeaux (–1,1 %), longtemps présentées comme des locomotives de l’Ouest et de l’Arc atlantique, voient leur croissance s’essouffler nettement. Paris, Lyon et Toulouse enregistrent eux aussi des baisses sensibles. Dans ce paysage globalement négatif, Rennes, avec sa stabilité, fait figure d’exception et confirme sa place parmi les métropoles les plus résistantes du pays.
Cette résilience se retrouve dans le taux de chômage, qui atteint 6,3 % au premier trimestre 2025. Il reste inférieur à la moyenne nationale (7,2 %), mais progresse légèrement par rapport à l’an dernier. La forte attractivité de Rennes, qui attire de nombreux jeunes actifs et diplômés, continue d’exercer une pression sur le marché local de l’emploi. La métropole reste attractive et solide, mais la stagnation de l’emploi révèle aussi la difficulté à absorber l’ensemble de cette population active croissante.
Rennes sort donc du lot par rapport à la plupart des métropoles françaises, et plus encore si on la compare à ses voisines de l’Ouest comme Nantes et Bordeaux. Mais cette résistance ne doit pas faire oublier que la croissance de l’emploi est désormais au point mort. La crise de la construction, les difficultés de l’automobile et le ralentissement des services rappellent que l’économie rennaise n’est pas imperméable aux turbulences nationales et internationales.