Dans un arrêté publié le 6 août 2025 dans le Recueil des actes administratifs de la préfecture d’Ille-et-Vilaine, le préfet a officiellement interdit la tenue d’un spectacle de Dieudonné M’bala M’bala dans le département. Ce dernier projetait de s’y produire en août dans un lieu resté secret jusqu’au dernier moment, une stratégie déjà observée lors de précédentes représentations dans d’autres villes. L’absence d’information sur le lieu exact a été soulignée dans l’arrêté comme un facteur rendant difficile l’encadrement de l’événement par les forces de l’ordre.
La préfecture estime que les spectacles de Dieudonné ne peuvent « être regardés comme de simples spectacles humoristiques », considérant qu’ils véhiculent « un message politique de haine et de discrimination ». L’arrêté évoque un contenu comportant « des propos antisémites, négationnistes, incitant à la haine, à la violence, à la discrimination ». Ces éléments sont jugés « incompatibles avec les valeurs républicaines et le respect de la dignité humaine ».
Le document cite également plusieurs précédents marquants, notamment les propos tenus par Dieudonné à la suite des attentats de janvier 2015. L’arrêté indique que l’artiste avait déclaré sur les réseaux sociaux : « Je me sens Charlie Coulibaly », une formulation mêlant le slogan « Je suis Charlie » et le nom du terroriste Amédy Coulibaly, auteur de la prise d’otages de l’Hyper Cacher. La préfecture considère que de tels propos participent à « banaliser des actes terroristes » et contribuent à « un trouble particulièrement grave à l’ordre public ».
La préfecture d’Ille-et-Vilaine appuie sa décision sur une jurisprudence administrative constante validant l’interdiction de spectacles de Dieudonné dans plusieurs villes françaises ces dernières années. Elle mentionne notamment les risques de rassemblements non déclarés, d’atteintes à la dignité humaine et d’éventuelles tensions à l’approche de l’événement. Selon l’arrêté, « le spectacle ne peut être dissocié de la personnalité publique de M. M’bala M’bala », dont les prises de position et les condamnations répétées ont nourri des tensions dans l’espace public.
Cette interdiction s’inscrit dans le prolongement d’une jurisprudence bien établie du Conseil d’État. En 2014, dans une ordonnance rendue à propos d’un spectacle de Dieudonné à Nantes, la plus haute juridiction administrative avait validé une décision préfectorale similaire, considérant que les propos tenus sur scène pouvaient caractériser un trouble grave à l’ordre public. Le Conseil d’État avait alors jugé que la liberté d’expression, bien que protégée, pouvait être restreinte de manière proportionnée en cas de risque avéré. Cette jurisprudence continue de fonder juridiquement les interdictions administratives concernant certaines prises de parole publiques, dès lors qu’elles s’accompagnent de risques concrets et documentés.